Chapitre 12: Vers le Romantisme

L’Avènement du Romantisme

 

Ludwig van Beethoven, le prince des musiciens

ludwigvanbeethoven« Elu au suffrage universel » par les compositeurs qui l’ont suivi, comme étant le prince des musiciens, est une expression que j’ai lue dans un livre intitulé « La grande aventure de la musique » par Kurt Pahlen, musicologue et chef d’orchestre. Après avoir subi les influences de Haydn et de Mozart et plus tard celles de Bach et de Haendel, il peut être considéré comme l’initiateur du Romantisme en musique. Compositeur allemand, né à Bonn le 16 Décembre 1770, d’une famille d’origine flamande, d’un père alcoolique et brutal, chanteur à la cour du Prince-Electeur, Ludwig van Beethoven fut mis dès son plus jeune âge à l’étude du clavecin par son père qui voulait exploiter sa virtuosité précoce, comme cela avait été le cas pour le jeune Mozart, mais cette expérience n’eut pas le succès attendu. Beethoven fut alors confié au compositeur Gottlob Neefe qui lui fit étudier « Le clavecin bien tempéré » de Johann Sebastian Bach et les sonates de Clementi.
En 1787, le comte de Waldstein qui avait remarqué son talent, emmena le jeune Beethoven à Vienne où il joua devant Mozart sans obtenir un grand résultat. Cependant ce dernier avait dit: « Faites attention à ce jeune homme, il fera du bruit dans le monde. » Beethoven retourna à Bonn où sa mère devait mourir. Mais en 1792, il repartit à Vienne pour s’y installer définitivement et sur l’invitation de Joseph Haydn, il commença à faire des études sous la direction du maitre viennois. Waldstein, qui l’avait encouragé à s’installer dans la capitale autrichienne, lui avait dit: « Par une application incessante, recevez des mains de Haydn, l’esprit de Mozart. » Mais l’enseignement de Haydn fut peu fructueux, bien que son influence ait été importante. Le maitre avait dit à Beethoven, en 1793: « …vous sacrifiez les règles à vos fantaisies; car vous me faites l’impression d’un homme qui a plusieurs tètes, plusieurs cœurs, plusieurs âmes ». Mais Beethoven lui dédia ses premières sonates pour piano, après avoir publié ses trois premiers trios op.1. Après le départ de Joseph Haydn pour l’Angleterre, il poursuivit ses études avec Albrechtsberger et Salieri.
En 1795, il donna son premier concert public qui incluait son concerto pour piano N.2 qui est en fait le premier. L’année suivante, il fit une tournée de concerts dans plusieurs villes allemandes, dont Berlin. Connu comme virtuose, il se fit apprécier par des personnalités de l’aristocratie viennoise, les princes Lichnowsky et Lobkowitz et le comte Razumovsky. En 1798, il composa ses six premiers quatuors et sa 8e sonate dite « Pathétique ». Le 2 Avril 1800, il y eut un grand concert avec son 1er concerto pour piano et sa 1e symphonie. Le succès fut très grand. En 1801, amoureux de la comtesse Giulietta Guicciardi, Beethoven lui dédia sa sonate « Clair de lune ». Mais à partir de 1802, ayant pris conscience qu’une surdité qui avait commencé quelques années plus tôt, progressait de plus en plus, il pensa même au suicide, mais sa nature énergique l’emporta et il écrivit le « Testament d’Heiligenstadt ».
C’est à cette époque, en 1802, que Beethoven composa sa 2e symphonie de caractère joyeux, ainsi que son 3e concerto pour piano et orchestre. Ces deux œuvres eurent du succès. Mais il se disait peu satisfait de ses travaux jusqu’à ce jour et voulait ouvrir un nouveau chemin dans la musique. Concernant la musique de chambre, il composa aussi des chefs d’œuvre tels que la sonate pour violon et piano N.5 dite du « Printemps » (1800) et la sonate N.9 dédiée au violoniste Kreutzer. Il ouvrit, comme il l’avait dit « un nouveau chemin » en musique par la composition de sa 3e symphonie dite « Eroica » qui constitue une étape très importante dans son œuvre par sa puissance expressive et sa longueur inusitée. Beethoven avait eu l’intention de la dédier au général Napoléon Bonaparte qu’il considérait comme le continuateur de la révolution française et le libérateur des peuples, mais lorsque Napoléon se fit couronner empereur des français en 1804, il déchira la dédicace avec fureur et la surnomma: « Grande symphonie héroïque pour célébrer le souvenir d’un grand homme ».
Il y eut encore d’autres chefs d’œuvre dans les sonates pour piano, tels la N.17 dite « La Tempête » (1802) inspirée par une lecture de Shakespeare, la N.21 dédiée à Waldstein et la grandiose N.23 dite « Appassionata ». En 1803, Beethoven se mit à l’œuvre pour composer un opéra. Il avait été enthousiasmé par la lecture d’un livret de Jean-Nicolas Bouilly, intitulé « Léonore ou l’amour conjugal ». Il composa trois très belles ouvertures de Léonore et finalement il lui donna le nom de « Fidelio » avec une ouverture brève mais magnifique, mais à sa première représentation en 1805, cet opéra n’eut pas de succès. Il fut apprécié quelques années plus tard.
Après une relation intime avec Josephine von Brunswick qui n’eut pas de suite, Beethoven composa plusieurs chefs d’œuvre entre 1806 et 1808: le concerto pour piano N.4, les quatuors N.7, 8 et 9 dédiés au comte Razumosky, la 4e symphonie et le concerto pour violon. Après une brouille avec le prince Lichnowsky, Beethoven lui écrivit un billet dans lequel il disait: « Prince, ce que vous êtes, vous l’êtes par le hasard de la naissance. Ce que je suis, je le suis par moi. Des princes, il y en a et il y en aura encore des milliers. Il n’y a qu’un Beethoven. » L’année 1808 vit aussi naitre de nouveaux chefs d’œuvre: La 5e symphonie, la 6e symphonie dite « Pastorale » et la « Fantaisie pour piano, orchestre et chœur ».
Entre 1809 et 1810, Beethoven composa le majestueux concerto pour piano et orchestre N.5 dit « L’Empereur », la musique de scène pour la pièce « Egmont » de Goethe avec sa magnifique ouverture et la sonate « Les Adieux ». Entre 1811 et 1812, parurent le trio « L’Archiduc » et la 7e symphonie. L’échec de son projet de mariage avec Thérèse Malfatti à laquelle il avait dédié la célèbre « Lettre à Elise » l’affecta. En 1812, alors qu’il se reposait dans une station de cure thermale, il écrivit la « Lettre à l’immortelle bien-aimée et rencontra Goethe. En 1813, il composa la 8e symphonie et « La victoire de Wellington ».
En 1814, Beethoven devint le musicien officiel du Congrès de Vienne, mais le public viennois commençait à se détourner de lui en faveur de Rossini. D’ailleurs, ce dernier lui rendit visite un peu plus tard, vers 1821 et lui montra la partition de son opéra « Le Barbier de Séville » qui fut appréciée par le maitre de Bonn. En 1815, son frère Kaspar-Karl étant décédé, Beethoven prit sous sa tutelle son neveu Karl qui lui donna beaucoup de soucis. Peut-être à cause de ces problèmes et d’une maladie grave, il ne produisit pas beaucoup d’œuvres entre 1814 et 1817, à part les sonates pour violoncelle et piano N.4 et 5, dédiées à Maria von Erdody et la sonate pour piano N.28 op 101. Il écrivait à cette époque: « Nous, êtres limités à l’esprit infini, sommes uniquement nés pour la joie et pour la souffrance. Et on pourrait presque dire que les plus éminents s’emparent de la joie par la souffrance ».
En 1817, Beethoven surmonta encore une fois ses problèmes et composa une sonate pour piano très difficile et très en avance sur son temps: la « Hammerklavier » op.106. Lui, qui avait été toujours croyant, devint plus fervent dans son christianisme et commença la composition de sa monumentale « Missa Solemnis » en ré majeur qui lui prit quatre ans de travail (1818-1822). Il composa aussi ses dernières sonates pour piano N.30, 31 et 32 et des « Variations sur une valse de Diabelli ». Il composa ensuite sa 9e symphonie pour célébrer, comme dans la 5e, le triomphe de la joie et de la fraternité sur le désespoir, en incluant dans le dernier mouvement « L’Ode à la joie » de Schiller, chantée par les solistes et le chœur. Cette symphonie reçut un accueil triomphal lors de son exécution en 1824, mais les recettes du concert ne furent pas assez bonnes. Beethoven aurait voulu partir en Angleterre où il avait été invité plus d’une fois et dont il admirait la démocratie et la culture, mais il ne put réaliser ce projet. Il composa ses cinq derniers quatuors (du N.12 au N.16) ainsi que sa « Grande Fugue » qu’il sépara du 13e quatuor et esquissa une 10e symphonie qu’il ne put mener à terme. Après la tentative de suicide de son neveu Karl, il contracta une double pneumonie en Décembre 1826 et mourut en Mars 1827, entourés de ses amis les plus proches, alors qu’un orage éclatait dans le ciel de Vienne. Il aurait sans doute reçu la visite de Franz Schubert quelque temps avant sa mort. Ses funérailles rassemblèrent plusieurs milliers de personnes.
L’œuvre de Beethoven est considérable, car bien que comportant moins de N. d’opus que celles de Haydn et de Mozart, elle contient un très grand nombre de chefs d’œuvres d’une dimension plus importante et d’un caractère plus grandiose que celles de ses prédécesseurs. Pour commencer par les symphonies, chacune d’elles a une identité propre, la 1e et la 2e sont de facture classique, toutefois dans la 2e (surtout dans les deux premiers mouvements) il y a déjà une force émotionnelle et un certain lyrisme qui annoncent le romantisme. Mais c’est dans la 3e symphonie « Héroïque » op.55 en mi bémol majeur, que se fait la rupture avec le style classique et l’entrée fracassante dans le romantisme. Ceci est caractérisé par l’ampleur des mouvements, par la puissance de l’orchestration, le formidable développement du thème initial du premier mouvement et les passages sublimes dans l’apogée du second mouvement « marche funèbre » où les cuivres résonnent majestueusement après une fugue grandiose. Le dernier mouvement est en forme de variations sur un thème précédemment utilisé par Beethoven dans les « Créatures de Prométhée ». La 4e symphonie op.60 en si bémol majeur commence par une introduction lente suivie d’un éclat qui mène à l’allegro du premier mouvement. La 5e symphonie op.67 en ut mineur dite « symphonie du Destin » (appellation qui n’est pas due au compositeur) à cause des quatre notes initiales jouées en « forte » par l’orchestre (celui-ci enrichi de 3 trombones et d’un contrebasson) qui semblent être les coups frappés à la porte par le destin, motif qui restera présent dans les quatre mouvements avec les grands développements et variations qui enrichissent l’œuvre et dans le dernier mouvement, une grandiose marche de victoire sur le destin. La 6e symphonie op.68 en fa majeur dite « Pastorale » est la seule symphonie de Beethoven en forme de « musique à programme », les autres relevant plutôt de la musique pure. Les cinq mouvements de cette symphonie portent d’ailleurs des titres: « Eveil d’impressions agréables en arrivant à la campagne – Scène au bord du ruisseau – Joyeuse assemblée de paysans – Orage – Sentiments joyeux et reconnaissants après l’orage ». Au deuxième mouvement, les cordes évoquent le murmure du ruisseau et à la fin, flute, hautbois et clarinette reproduisent les chants du rossignol, de la caille et du coucou. Cela dénote de l’amour de Beethoven pour la nature. La 7e symphonie op.92 en la majeur est très rythmée et riche en très beaux thèmes. Le premier mouvement débute sur un « Poco sostenuto » suivi d’un « Vivace » où domine le rythme de 6/8, quant au second mouvement « allegretto » très célèbre, pourrait passer pour une marche funèbre. Le dernier mouvement « allegro con brio » puissant et enjoué est sans doute celui qui a fait surnommer cette symphonie « apothéose de la danse » par Richard Wagner. La 8e symphonie op.93 en fa majeur et la plus courte et aussi la plus sereinement joyeuse avec un second mouvement sans doute inspiré par le tic-tac du métronome de Maelzel. La 9e symphonie op.125 en ré mineur, dédiée au roi Frédéric-Guillaume III de Prusse, comprend dans son finale cet « Hymne à la joie » qui a hanté Beethoven toute sa vie. La Fantaisie chorale op.80 utilisait déjà ce thème, mais l’hymne définitif ne fut achevé qu’en 1823. Le premier mouvement « allegro ma non troppo, un poco maestoso » commence doucement en motif descendant pour aller en « crescendo » jusqu’au fortissimo de tout l’orchestre qui martèle le thème principal et puis c’est le magistral développement. Le deuxième mouvement « molto vivace » commence sur une descente de tonique martelée par les cordes suivie d’un solo de timbales. Le troisième mouvement « adagio molto e cantabile » est serein et divinement mélodieux. Le quatrième mouvement commence par une brève réexposition des thèmes des trois premiers, puis l’orchestre joue l’hymne à la joie qui sera repris par les quatre solistes et le chœur jusqu’à la conclusion de l’œuvre. C’est par ce monument musical que Beethoven acheva son œuvre symphonique.
Les Concertos pour piano et orchestre sont au nombre de cinq. Le 1er op.15 en ut majeur et le 2e op.19 en si bémol majeur sont de facture classique. Le 3e concerto op.37 en ut mineur fait déjà partie de ce qu’on appelle la « seconde manière de Beethoven, soit sa marche vers le Romantisme. Le premier mouvement « allegro con brio » commence par un thème abrupt en ut mineur et s’oriente vers un second motif en mode majeur « cantabile » ou facile à chanter. Le deuxième mouvement « largo » est un des plus nobles et mélodieux morceaux que Beethoven ait composé jusque là et le troisième est un rondo assez classique. Dans le 4e concerto op.58 en sol majeur, le premier mouvement « allegro moderato » est le plus serein des premiers mouvements des concertos et contrairement aux autres, il est introduit par le soliste, l’orchestre intervenant tout de suite après avec un « crescendo ». Le second mouvement est un bref « andante con moto » et semble entretenir le « suspense » qui nous amène au superbe dernier mouvement « rondo (vivace) » où le motif rapide et saccadé est exposé d’abord par l’orchestre, doucement, puis par le soliste et repris de nouveau par l’orchestre avec entrée des trompettes et des timbales. Le 5e concerto op.73 en mi bémol majeur, dit « L’Empereur » est certainement le plus grandiose de tous avec son premier mouvement qui débute par un éclat en « tutti » de l’orchestre, comme dans sa 7e symphonie et l’entrée immédiate du soliste, puis le retour de l’orchestre qui joue en « forte » le thème principal splendide et impérieux, qui sera suivi d’un second thème plus calme avec tous les développements qui en découlent. Ce mouvement est suivi d’un « adagio » serein et mélodieux et l’œuvre se termine par un « rondo » puissant et joyeux. Dans le genre concertant, de plus modeste dimension, on peut citer ses deux Romances pour violon et orchestre.
Beethoven a composé un seul concerto pour violon et orchestre et un triple concerto pour violon, violoncelle et piano. Dans son concerto pour violon op.61 en ré majeur, il pousse encore plus loin l’écriture d’un « concerto symphonique » que Giovanni Battista Viotti, compositeur italien que Beethoven avait étudié. Au milieu du premier mouvement « allegro ma non troppo », une magnifique transition amènera le soliste et l’orchestre jusqu’au thème principal avec éclat. Après un « larghetto » chantant, un troisième mouvement énergique termine l’œuvre et inspirera sans doute Johannes Brahms dans son concerto. On peut aussi parler de la « Fantaisie chorale » op.80 qui est une œuvre concertante pour piano, orchestre et chœur, qui n’est pas vraiment un concerto, mais un morceau très enthousiasmant, considéré comme une première tentative du compositeur pour « L’Hymne à la Joie » de sa 9e symphonie.
Dans le domaine de l’Opéra et des ouvertures et pour son unique opéra, Beethoven composa quatre ouvertures, les trois grandes de « Léonore » qui sont trois tentatives différentes utilisant les mêmes thèmes sous trois formes variées qui commencent doucement et vont en croissant jusqu’à l’éclatante victoire, « Léonore III » étant la plus parfaitement construite et l’ouverture définitive de « Fidelio » (nom modifié de l’opéra) plus brève mais merveilleusement dramatique et qui finit dans un élan énergique. L’opéra contient le fameux chœur des prisonniers « O welche Lust » au premier acte et le final du deuxième et dernier acte qui chante la liberté et l’amour. L’ouverture d’ « Egmont » op.84, la plus belle, puissante et expressive des ouvertures de Beethoven est un prélude à une musique de scène avec soprano et récitant, composée d’après une pièce de Goethe qui exalte le sacrifice du comte d’Egmont, condamné à mort pour s’être dressé contre l’oppresseur, à l’époque où les Pays-Bas étaient sous domination espagnole. L’ouverture de « Coriolan » op.62 est inspirée de la tragédie « Coriolanus » de l’autrichien von Collins qui évoque le sacrifice héroïque de Coriolan, révolté contre les tribuns romains, devant les murs de Rome.
La musique de chambre: Les sonates: Beethoven a composé 32 sonates, œuvres d’une grande diversité et profondeur. La sonate N.8 op.13, dite « Pathétique » est très caractéristique du style beethovénien avec son premier mouvement « grave-allegro molto » et son merveilleux « adagio » si célèbre; La N.14 op.27 intitulée par l’auteur « quasi una fantasia », mais connue sous le nom de « sonate au clair de lune » que lui donna le poète allemand Ludwig Rellstab avec son premier mouvement si célèbre qui porte à la rêverie, tandis que le dernier « presto agitato » donne dans la fougue romantique; la N.17 op.31 surnommée « La Tempête » (pas par l’auteur) avec son allegretto final si enlevé et d’un lyrisme extrême; la N.21 op.53 dite « Waldstein » parce que dédiée au comte du même nom, avec un premier mouvement « allegro con brio » et un second mouvement en trois parties de rythme différent « adagio molto-rondo, allegretto moderato-prestissimo » qui se termine donc avec une allure de plus en plus rapide; la sonate N.23 op.57 surnommée « Appassionata » par l’éditeur est l’une des plus belles de tout le répertoire pianistique avec son merveilleux thème du premier mouvement « allegro assai » et son troisième mouvement « allegro ma non troppo » emporté et passionné, qui justifie le titre de ce chef d’œuvre et dont l’écrivain Romain Rolland a dit que c’est un « torrent de feu dans un lit de granit »; la sonate N.26 op.81a « les adieux » fut composée pour le départ de l’archiduc Rodolphe en 1809, obligé de quitter Vienne après la bataille de Wagram; le premier mouvement « adagio-allegro » symbolise les regrets pour l’exil alors que le troisième « vivacissimo » veut décrire la joie du retour; la sonate N.29 op.106 « Hammerklavier » destinée à être jouée sur les pianos modernes est l’une des plus longues et des plus difficiles et comporte quatre mouvements dont le finale « largo-allegro risoluto » se termine par une grande fugue à trois voix.
Des sonates pour violon et piano, on retiendra la N.5 op.24 dite « Le Printemps » avec son splendide premier mouvement « allegro » plein de poésie et bien connu et la N.9 dite « à Kreutzer », œuvre très populaire mais longue et difficile pour la partie du violon avec un très bel « andante avec variations » pour deuxième mouvement et son troisième mouvement « presto » en forme de « tarentelle ». Il y a aussi cinq sonates pour violoncelle et piano et sept trios pour violon, violoncelle et piano dont le plus célèbre est le N.7 op.97 « à l’Archiduc ».
Beethoven a composé seize quatuors dont plusieurs sont des chefs d’œuvre et dans lesquels il a utilisé le maximum des possibilités de cette formation. Des quatuors N.7, 8 et 9 op.59 dédiés au prince Razumovsky, le N.9 en do majeur est le plus enjoué et le plus puissant et ne contient pas de thème russe comme les deux précédents et son finale « allegro molto » est rapide et fugué; le quatuor N.10 op.74 fut surnommé « Les Harpes » à cause d’une utilisation fréquente des « pizzicati »; le N.11 op.95 intitulé « quartetto serioso » par l’auteur annonce déjà les fameux cinq derniers quatuors; de ceux-ci, du N.12 au N.16, les treizième et quatorzième sont sans doute les plus aboutis, le treizième comportant six mouvements dont le dernier « la grande fugue » fut plus tard séparé de l’œuvre et le quatorzième, sept mouvements reliés entre eux par des transitions, ce qui donne à ce chef d’œuvre, un caractère d’unité avec un premier mouvement commençant par une fugue.
Œuvres de musique sacrée de Beethoven: Après « Le Christ au mont des oliviers » (1801) et la « Messe en ut majeur » (1807) Beethoven composa sa « Missa Solemnis » qu’il considérait comme « sa meilleure œuvre, son plus grand ouvrage ». Il avait toujours été croyant et dans sa dernière période créatrice, il se tourna encore plus vers la spiritualité. Il disait en 1817:  » Je veux donc m’abandonner patiemment à toutes les vicissitudes et placer mon entière confiance uniquement en ton immuable bonté, o Dieu!… ». Sa Messe Solennelle est un monument dans le genre de musique religieuse, autant que la Messe en si de Jean-Sébastien Bach. Une oeuvre grandiose et majestueuse, dans la puissance du « Gloria », le paroxysme de la fugue dans le « Et vitam venturi saeculi » du « Credo » auquel fait pendant  la beauté transcendante du « Et incarnatus est ».


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14 Responses to “Chapitre 12: Vers le Romantisme”

  1. Françoise 6 décembre 2009 at 18 h 01 min # Répondre

    Bonjour cher Roberto,

    Je viens d’entendre Eve Ruggeri « racontant » Beethoven. Elle parlait de la « symphonie pastorale » (d’après elle la seule en cinq mouvements), de « l’Orage » plus précisément, et nous a fait écouter « Le Tonnerre » de Vivaldi… Impressionnant ! Qu’en pensez-vous ? Bonne soirée à vous deux. A très bientôt.
    Françoise

  2. Dominique Bd 17 mai 2011 at 19 h 45 min # Répondre

    Bonjour Roberto, bravo pour le Sommaire… du coup, je vais directement aux chapitres 12, 13 et 14 ce soir (romantisme oblige…)
    Chapitre 12: pour quelqu’un qui « devait faire du bruit dans le monde » (Mozart), Beethoven a réussi ! J’aime beaucoup la présentation de ce chapitre, clair, vivant et érudit pour les ignorantes comme moi.
    Je passe au suivant. Bien amicalement.

  3. Roberto Livadiotti 20 mai 2011 at 7 h 35 min # Répondre

    Dominique,je ne pense pas que vous soyez ignorante.En musique,on connaît ce qu’on aime.Quant au Sommaire,j’en ai préparé un avec la liste des compositeurs dans chaque chapitre et je l’ai envoyé à Cristian pour qu’il puisse le mettre sur le site quand il aura le temps.

  4. Dominique Bd 21 mai 2011 at 8 h 52 min # Répondre

    Un sommaire encore plus détaillé, Roberto ? Je pensais que c’était celui-là, qui me convient tout à fait !… Je n’ai pas eu le temps de lire le chapitre 14 l’autre soir, je n’ai pas su doser mon état de fatigue ! j’irai tranquillement ce soir. Bonne journée ensoleillée, en tout cas elle l’est chez moi. Bien amicalement.

  5. Roberto Livadiotti 21 mai 2011 at 20 h 39 min # Répondre

    Oui,Dominique,c’est un sommaire avec les noms des compositeurs traités dans chaque chapitre.Sandrine avait demandé comment retrouver un compositeur dans cette Histoire.

  6. Françoise (40) 7 décembre 2011 at 23 h 12 min # Répondre

    Evidemment, ses symphonies 5, 6, 7, 9 … nous les connaissions. Les 1, 2, 3 et 4 un peu moins, beaucoup moins même. Nous avons passé ces deux derniers jours à les écouter. Qu’elles sont belles. Cette 4ème, je la découvre et je l’adore.
    Du coup, nous avons repassé une commande ce soir. Cette fois les neuf « intégrales ». Nous n’allons pas réécouter Radio Classique dans les jours qui vont suivre. Sauf en voiture, peut-être …
    J’ai quand même pu écouter Sylvain Tesson. J’appréciais beaucoup le papa, j’ai bien aimé le fils.
    Bonne soirée chers amis.

  7. Roberto Livadiotti 8 décembre 2011 at 17 h 04 min # Répondre

    La 4e est belle et lumineuse avec son 1er mvt qui commence doucement et éclate subitement, mais la 3e « Eroica » est l’une des plus belles et plus grandioses. Ecoutez-la, elle vaut la peine. Bonne soirée et à bientôt.

  8. Françoise (40) 8 décembre 2011 at 18 h 47 min # Répondre

    Vous avez très probablement raison cher Roberto. Comme d’habitude, je vais suivre vos bons conseils. Aujourd’hui, c’était au tour de … Haendel (et un peu le jardin !). Nous avons eu encore droit aux passages des grues. Des milliers au-dessus de notre maison pendant plus d’une heure. Quel beau spectacle. Mais nous ne savons toujours pas pourquoi après les avoir vues partir vers le sud, nous les voyons maintenant se diriger vers le nord-ouest !
    Bonne soirée.

    • Roberto Livadiotti 8 novembre 2014 at 10 h 10 min # Répondre

      Chère Françoise, il y a longtemps qu’on ne s’est plus parlés. A la suite d’un message d’un certain David qui a relevé une erreur dans mon texte sur Beethoven et qu’il a écrit en Août 2014, je viens de lui répondre, car je ne consultais plus mon site depuis quelque temps. J’espère qu’il recevra ma réponse, alors je teste avec vous pour savoir si vous recevez mon message écrit sur mon site. J’espère que vous allez bien, vous et tous vos proches.
      Roberto

      • Françoise 21 février 2015 at 21 h 02 min # Répondre

        Bonsoir cher Roberto,
        J’ai bien souvent pensé à vous mais sans vraiment prendre le temps de venir bavarder, prendre de vos nouvelles… En octobre, nous avons décidé de faire venir maman dans notre région. A près de 88 ans, il était préférable qu’elle soit plus près de nous. C’est chose faite à présent et nous en sommes très heureux. Mais que de travail ! Trouver un appartement n’a pas été chose facile ; s’occuper du déménagement ; faire toutes les démarches administratives, etc. etc. Parallèlement, un autre petit enfant était « en route »… chez notre seconde fille cette fois. Une grossesse qui lui a demandé trois mois couchée. Nous avons tous souvent tremblé craignant un accouchement trop prématuré. Mais notre petite fille a eu la sagesse d’attendre et n’est arrivée qu’avec trois semaines d’avance. Ouf ! Nous voilà maintenant grands-parents de cinq petits-enfants. Je pense que j’avais dû vous dire que nos trois petits-fils avaient eu – pour la plus grande joie de tous – une petite soeur en janvier 2012 ? Cher Roberto, j’espère qu’Aline et vous-même allez très bien ainsi que vos enfants et petits-enfants. En ce qui me concerne (à part la grippe depuis mardi !) tout va bien. Le 8 mars, nous allons à Bordeaux voir OPERAMANIA (ballets russes) cadeau des enfants. En ce qui concerne la musique, nous n’avons guère changé nos habitudes : Mozart, Beethoven, Bach… et quelques autres. Je vous embrasse bien affectueusement. Françoise

  9. david 19 août 2014 at 5 h 52 min # Répondre

    Super, merci pour ce travail colossal et ô combien précieux !

    Petit détail sans grande importance : à la 5e ligne du second paragraphe il y a sans doute une erreur de date, Beethoven n’étant pas né en 1732…

    • Roberto Livadiotti 8 novembre 2014 at 10 h 01 min # Répondre

      Merci beaucoup David pour cette remarque. Je viens de lire votre commentaire, car je recevais peu de messages ces deux dernières années. Je viens de corriger cette erreur de frappe. En effet, c’est en 1792 que Beethoven s’est installé à Vienne.

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