Chapitre 15: Romantisme Allemand

Deux Grands Romantiques Allemands

 

Félix Mendelssohn

felixmendelssohnNé en 1809 à Hambourg, d’un père banquier riche et d’une mère musicienne, le père s’étant converti du judaïsme au christianisme luthérien, pour faciliter sa carrière et celle de son fils. Il prit le nom de Mendelssohn-Bartholdy. La famille s’installa à Berlin où Félix et sa sœur Fanny, également douée pour la musique, suivirent des cours de musique et de piano, d’abord avec leur mère et puis avec les meilleurs professeurs de musique, dont Karl Zelter qui fit étudier la fugue à Félix. Dès l’âge de douze ans, ce dernier avait composé des fugues, cinq symphonies pour orchestre à cordes et même deux opéras restés inconnus.

En 1825, alors qu’il n’avait que seize ans, Félix Mendelssohn composa un octuor en mi bémol majeur pour cordes el la magnifique ouverture du « Songe d’une nuit d’été » d’après la pièce de Shakespeare, la musique de scène venant plus tard. Etant un des meilleurs pianistes de son temps, il donna des concerts de piano et aussi en tant que chef d’orchestre, il dirigea en 1829, la Singakademie de Berlin dans la « Passion selon Saint Matthieu » de Jean-Sébastien Bach qu’il venait de découvrir avec admiration. L’exécution de cette œuvre fit une grande impression et contribua à faire connaitre la musique de Bach, un peu délaissée jusqu’alors. Le compositeur fit alors une grande tournée de concerts en Europe pour faire connaitre ce chef d’œuvre. Il fit plusieurs visites en Angleterre où il devint le favori de la reine Victoria. Son passage en Ecosse lui inspira la superbe ouverture « Les Hébrides » ou « Grotte de Fingal » et sa non moins belle 3e symphonie en la mineur, dite « Ecossaise ». Sa 5e symphonie dite « Réformation » est antérieure à cette dernière.

En 1836, Mendelssohn devint directeur de l’orchestre du Gevandhaus de Leipzig. Il épousa la fille d’un pasteur et ils eurent cinq enfants. Il devint le grand ami de Robert Schumann. Il composa de nouveaux chefs d’œuvre comme son très célèbre concerto pour violon en mi mineur et sa 4e symphonie dite « Italienne » parce qu’elle lui avait été inspirée après son voyage en Italie. En 1846, il se rendit à nouveau en Angleterre pour y diriger son oratorio « Elijah », mais épuisé par le travail qu’il s’imposait et profondément atteint par la mort de sa sœur bien-aimée Fanny et plus tard par celle de ses parents, il mourut à Leipzig en 1847, après avoir écrit son quatuor en fa mineur.

Parmi ses œuvres symphoniques, ses douze symphonies pour orchestre à cordes furent composées alors qu’il était encore très jeune (1821-1825) et sont encore sous l’influence de Haydn et de Mozart. Sa 1e symphonie pour grand orchestre en ut mineur op.11 date de 1824. Mais seize ans plus tard parut sa 2e symphonie en si bémol majeur op.52 dite « Lobgesang » (Chant de louange) écrite pour solistes vocaux, chœur et orchestre. Comme la 9e de Beethoven, elle comprend trois mouvements symphoniques et un quatrième choral sur des textes bibliques. La 3e symphonie en la mineur op.56 dite « Ecossaise », commencée avant la 4e, fut terminée après celle-ci en 1842. Elle fut accueillie triomphalement à Londres et enthousiasma Wagner,qui caractérisa Mendelssohn de « paysagiste de premier ordre. Le premier mouvement commence par un andante mélodieux, thème principal de l’allegro qui suit; le retour de l’andante à la fin du mouvement, sert de transition vers le second mouvement, un scherzo-allegro très vif avec un splendide jeu des bois d’inspiration écossaise; le 3e mouvement est un adagio très méditatif et le quatrième et dernier vivacissimo e maestoso contient quatre thèmes différents traités avec le contrepoint et finit majestueusement, le passage d’un mouvement à l’autre se faisant de façon continue. La 4e symphonie en fa majeur dite « Italienne » est très brillante et lumineuse. Le premier mouvement allegro vivace commence par un thème rapide et irrésistible qui évoque sans doute l’atmosphère de la campagne romaine, suivi d’un second motif en style fugué qui se mêle au thème principal; le second mouvement andante con moto est une belle mélodie; le troisième « con moto moderato » est en forme d’un menuet romantique plein de grâce et de charme; le dernier mouvement « saltarello-presto » reproduit magnifiquement le rythme de la tarentelle, danse du sud de l’Italie. La 5e symphonie « Réformation » fut composée par Mendelssohn pour célébrer le tricentenaire de la « Confession d’Augsbourg » à l’origine du luthéranisme. Elle commence par un andante majestueux et austère proche des compositions religieuses et le final s’inspire du choral de Luther « Ein fester Burg ».

Le concerto N.2 pour violon et orchestre en mi mineur op.64 est une de ses œuvres les plus célèbres. Il est très romantique par le thème principal du premier mouvement, très cantabile, l’andante étant une sorte de romance et le dernier mouvement, un allegro très vif et passionné. Les autres concertos sont moins connus et moins souvent joués. Parmi ses ouvertures, deux sont des chefs d’œuvre absolus: l’ouverture du « Songe d’une nuit d’été », composée à l’âge de dix-sept ans avec son orchestration d’une grande finesse avec cette variété de timbres qui caractérise les œuvres romantiques et cette beauté des thèmes décrivant l’obscurité menaçante de la foret enchantée dans la nuit d’été. La musique de scène comporte plusieurs morceaux dont la célèbre « marche nuptiale ». L’ouverture « Les Hébrides » ou « La grotte de Fingal » décrit le paysage écossais mélancolique et mystérieux de l’ile de Staffa où se trouve la grotte de Fingal. On croirait entendre ses orgues de basalte qui jouent une musique mystérieuse, devant une mer agitée. L’ouverture « Mer calme et heureux voyage » est inspirée d’un poème de Goethe décrit le voyage en mer sous un ciel qui devient clair après la disparition des nuages.

La musique de chambre de Mendelssohn comprend des quatuors et des quintettes et les fameuses « Romances sans paroles » pour piano dont la très belle « Fruhlingslied » (chanson du printemps). Il faut citer aussi les œuvres religieuses dont ses deux grands oratorios sur des thèmes bibliques, « Paulus » (1836) et « Elias » (1847) et diverses oeuvres chorales sacrées, » parfois disparates sur le plan expressif, mais unies par la sincérité de la foi du compositeur » (J.N.Coucoureux). Citons encore son « Christus » et sa Cantate de Noel à l’orchestration riche et opulente.

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Robert Schumann

F2099Profondément romantique par son existence et par sa musique, Robert Schumann naquit en 1810 à Zwickau en Saxe, d’un père libraire et écrivain à ses heures, qui lui fit connaitre les poètes romantiques allemands et étudier le piano. Lecteur passionné de Goethe et de Schiller, il hésita longtemps entre la littérature et la musique. Son père mourut alors qu’il n’avait que seize ans et deux ans plus tard, sa mère l’envoya étudier le droit à Leipzig. Mais ces études ne l’intéressant pas, il fréquenta les sociétés musicales de la ville et fit la connaissance d’un pianiste et professeur, Friedrich Wieck dont la fille Clara allait devenir une très grande pianiste. Après un voyage en Italie puis à Francfort en 1820, où il entendit jouer Paganini, il décida d’étudier à fond le piano, s’installa chez Wieck qui lui fit travailler « Le clavier bien tempéré de Jean-Sébastien Bach.

En 1831, il commença à étudier la composition, après avoir déjà écrit sa première œuvre pour piano, les « Variations Abegg-Papillons ». C’est en 1832 qu’il paralysa le médius de sa main droite, en le ligaturant pour augmenter l’indépendance de ses autres doigts. Dès lors, ne pouvant plus devenir un virtuose du piano, il se consacra entièrement à la composition musicale. Il fonda la gazette « Neue Zeitschrift fur Musik » dans laquelle il critiquait entre autres, les admirateurs de Rossini très nombreux à cette époque, traités de « philistins », étant lui-même un fougueux partisan du triomphe du romantisme sur un ordre musical rétrograde. Il y écrivit aussi des articles virulents sur Meyerbeer. Contre ces « philistins » il composa ses » Davidsbundlertanze » op.6. En 1835, il tomba amoureux de Clara Wieck qui revenait d’une tournée triomphale de concerts à Paris. Cet amour devint réciproque mais le père de Clara s’opposa férocement à leur mariage projeté et envoya sa fille à Dresde. Au lieu de se laisser aller au désespoir, Robert Schumann composa entre 1837 et 1838 d’autres chefs d’œuvre pour piano, les « Etudes symphoniques » op.13, les « Scènes d’enfants » op.14 et les « Kreisleriana » op.15.

En 1840, Robert et Clara parvinrent à surmonter les obstacles à leur union par des procès contre Wieck et se marièrent enfin. Dans cette période heureuse, Robert Schumann devint l’ami de Félix Mendelssohn qu’il admirait profondément et aussi de Chopin et de Liszt. Il composa beaucoup de lieder sur des textes de Goethe, Heine et Ruckert. En 1841, il composa sa 1e symphonie op.38 dite « Le printemps » qui fut exécutée par Mendelssohn à la tète de l’orchestre du Gewandhaus de Leipzig. Entre 1841 et 1846, naitront des œuvres orchestrales majeures comme le concerto pour piano et orchestre op.54, « L’ouverture, scherzo et finale » op.52 et la 2e symphonie op.61. Il habitait alors à Dresde où il fit la connaissance de Richard Wagner.

Enfin installé à Dusseldorf en 1850 avec son épouse et leurs nombreux enfants (ils en eurent huit) Robert Schumann composa sa 3e symphonie op.97 dite « Rhénane » et la musique de scène de « Manfred » (d’après le poème de Byron) avec sa très belle ouverture et en 1853 sa 4e symphonie op.120. Cette même année, il reçut la visite du jeune Johannes Brahms et après l’avoir entendu jouer une de ses compositions, il appela sa femme: « Viens vite Clara! C’est un génie! ». En 1854, pris de troubles et d’hallucinations, il se jeta dans le Rhin. Repêché par des bateliers, il fut interné à l’asile d’Endernich près de Bonn où il mourut en 1856.

Dans ses œuvres pour piano, très nombreuses, son premier opus « Les papillons » est remarquable par le « contraste des rythmes rompus et des nuances » (L. Rebatet) et dans cette vivacité, on sent une certaine inquiétude. Le « Carnaval » op.9 contient des morceaux qui évoquent des personnages fictifs comme Pierrot ou Arlequin, mais aussi des personnages réels comme Chopin, Paganini ou Chiarina (sa Clara encore jeune). Les « Etudes symphoniques » pianistiquement riches en harmonie, montrent déjà que Schumann sera un grand compositeur d’œuvres symphoniques. Dans « Scènes d’enfants », citons la fameuse « Rêverie ». Le recueil « Kreisleriana », du nom d’un personnage fictif très changeant appelé Kreisler dans les « Contes d’Hoffmann » groupe des pièces tour à tour lentes, agitées ou très vives qui reflètent bien le caractère instable du compositeur. Dans les « Scènes de la forêt », il décrit des tableaux de la nature comme « chasseur aux aguets », « paysage souriant » ou le très étrange « oiseau prophète ». Citons dans sa musique de chambre, son célèbre « quintette pour piano et cordes en mi bémol majeur » op.44, remarquable par ses rythmes et mélodies et son « quatuor à cordes N.1 en la mineur » op.41.

Les symphonies: poussé par son épouse Clara, Schumann composa sa 1e symphonie en si bémol majeur op.38 dite « Le printemps » avec son deuxième mouvement tendre et chaleureux, son scherzo vif et rythmé; la 2e symphonie en ut majeur op.61 possède une originalité rythmique géniale dans son second mouvement ainsi que dans son dernier « allegro molto vivace », dont le thème tendre et romantique va en « crescendo » vers la fin et se termine en apothéose avec un roulement de timbales magistral. Schumann « craignait qu’on devine son état fatigué en écoutant cette musique ». La 3e symphonie en mi bémol majeur op.97 dite « Rhénane » à cause du Rhin qui s’écoule à coté, comporte cinq mouvements, les deux premiers magnifiques (le second s’écoulant comme un fleuve), le quatrième, un andante majestueux et funèbre inspiré par la cathédrale de Cologne. La 4e symphonie en ré mineur op.120, sans doute la plus belle, avec ses quatre mouvements qui se suivent sans interruption, le thème principal du premier étant repris dans le dernier mouvement avec une apothéose finale.
Son très beau concerto pour piano en la mineur, un des plus célèbres parmi les concertos romantiques, présente un parfait dialogue entre le soliste et l’orchestre.

Schumann avait commencé par composer une Fantaisie pour piano et orchestre à l’intention de Clara qu’il compléta quatre ans plus tard avec un intermezzo et un finale pour en faire un concerto complet. Son concerto pour violon et orchestre écrit en 1853, un an avant sa crise de folie est l’une de ses œuvres les plus sombres. Il a composé également un concerto pour violoncelle et orchestre op.129, en 1850. De la musique de scène de « Manfred », d’après le poème de Lord Byron, on connait surtout la magnifique ouverture puissante et sombre et de son unique opéra « Genoveva », on ne joue plus que l’ouverture. Dans sa musique de chambre, citons les trois quatuors op. 41 dont le plus remarquable est le 3e en la majeur et son quintette op.44. Il y a aussi d’autres œuvres vocales comme « Le Paradis et la Péri », les « Scènes de Faust » et plusieurs lieder dont le cycle « Les amours du poète » et l’un de ses plus beaux recueils « L’amour et la vie d’une femme ».


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One Response to “Chapitre 15: Romantisme Allemand”

  1. Livadiotti Roberto 16 décembre 2010 at 10 h 00 min # Répondre

    Quel conseil voulez-vous me donner louboutin soldes?

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